TEMNOCÉPHALES

TEMNOCÉPHALES

Les Temnocéphales sont des Plathelminthes associés à des Crustacés d’eau douce et exceptionnellement à des Tortues dulçaquicoles. Ils habitent la cavité branchiale ou la surface du corps de leur hôte sur laquelle ils fixent leurs œufs.

Rattachés aux Monogènes, ou aux Turbellariés eulécithophores, les Temnocéphales s’en distinguent par leur tégument, dépourvu de cils mais renfermant des noyaux; leurs tentacules et un organe de fixation, le hapteur, représentent des adaptations au mode de vie parasitaires.

Morphologie et anatomie

Les Temnocéphales sont des organismes qui dépassent rarement 4 mm de longueur et qui sont caractérisés par le hapteur situé à l’extrémité postérieure du ver. Ce hapteur, pédonculé, est inséré à la face ventrale du corps, formant un disque adhésif, musculeux, où viennent déboucher des glandes adhésives. On remarque, mais très peu souvent, deux petits hapteurs chez Paracaridinicola , animal dont l’extrémité postérieure est bifide. L’extrémité antérieure est munie de courts tentacules mobiles dans lesquels débouchent des glandes à rhabdites. Chez la plupart des espèces, on observe cinq tentacules, exceptionnellement quatre ou douze. Chez les Scutariellidae , il n’y a que deux tentacules. Chez Craspedella et chez Actinodactylella il existe des prolongements latéraux en forme de tentacules, réunis chez le premier genre par une frange dorsale. Enfin, chez Notodactylus , la face dorsale du corps porte plusieurs rangées de grandes papilles. Grâce au hapteur et aux tentacules, les Temnocéphales sont capables de se déplacer sur leur hôte en «arpentant».

La paroi du corps des Temnocéphales est constituée par un syncytium dans lequel les noyaux sont répartis irrégulièrement. Cet épithélium n’est jamais cilié comme celui des Turbellaires et renferme des terminaisons nerveuses. Au-dessous de la membrane basale de l’épithélium se trouve la gaine musculaire périphérique composée de trois couches de fibres circulaires, obliques et longitudinales. Le système excréteur, du type protonéphridien, s’ouvre à la surface dorsale par deux petites vessies, ou directement par deux pores excréteurs. La bouche est placée à la base des tentacules ou à la face ventrale; elle conduit à un pharynx, parfois protractile, et à un intestin sacciforme. Le système nerveux est formé d’une masse ganglionnaire volumineuse placée à la base des tentacules et à la face dorsale de la bouche d’où se détachent les nerfs des tentacules et quatre nerfs longitudinaux réunis par des commissures transversales. À la face dorsale du cerveau se trouvent deux yeux pigmentés. Chez les espèces de Scutariellinés vivant sur des Crustacés cavernicoles, les yeux font défaut.

Biologie

Les Temnocéphales sont hermaphrodites, les appareils reproducteurs mâle et femelle débouchant dans un atrium commun situé à la face ventrale du ver. On observe, en général, deux paires de testicules disposées symétriquement de chaque côté de l’intestin. Il n’y en a parfois qu’une seule (Diceratocephala ) ou trois (Craniocephala ) ou encore six (Dactylocephala ). Il existe une vésicule séminale dans laquelle se déversent les glandes prostatiques. Le pénis, formé d’un tube conique chitineux, est logé à l’intérieur d’une gaine s’ouvrant directement dans l’atrium génital. Il est fréquent que son extrémité distale soit armée de fines soies chitineuses. L’ovaire est toujours impair; l’oviducte débouche dans un conduit où aboutissent les canaux des glandes vitellogènes et dans la paroi duquel se trouvent des réceptacles séminaux; cette paroi est entourée de glandes unicellulaires dont la sécrétion joue sans doute un rôle important dans la formation de l’œuf. L’utérus, toujours court et ne renfermant jamais plus d’un œuf à la fois, possède une paroi musculeuse; il communique avec l’atrium génital autour duquel sont placées des glandes dont la sécrétion favorise la fixation de l’œuf sur l’hôte. L’extrémité proximale de l’oviducte est dilatée pour former une vésicule à paroi mince, enchâssée dans la muqueuse intestinale, la vesicula resorbiens , qui absorbe l’excédent de vitellus pouvant être un obstacle à la fécondation. Cette vésicule aurait ainsi une fonction analogue à celle du canal génito-intestinal des Monogènes. Les glandes vitellogènes sont groupées latéralement ou sur la face dorsale de l’intestin. Les œufs ovalaires, toujours de grande taille, le plus souvent pédonculés, sont fixés sur la surface du corps de l’hôte, où leur couleur brune les rend visibles à l’œil nu. Ils sont généralement pondus par groupes de plusieurs. Après une incubation dont la durée varie de quatorze à vingt-quatre jours, il en sort de nouveaux Temnocéphales.

La nourriture des Temnocéphales consiste essentiellement en petits Crustacés, en Rotifères et en Annélides, dont on trouve les restes caractéristiques dans l’intestin. Les espèces fixées sur des Crustacés cavernicoles seraient prédatrices, se nourrissant de l’hémolymphe de leur hôte.

Écologie et répartition géographique

La plupart des Temnocéphales vivent dans la cavité branchiale de Crustacés et, beaucoup plus rarement, à la surface du corps de ceux-ci. Comme ils peuvent quitter l’hôte, leur association avec lui est de nature écologique et trophique, et l’on rencontre parfois des individus sur d’autres hôtes, tels, par exemple, des Mollusques d’eau douce.

La répartition géographique des Crustacés Parastacides, hôtes des Temnocéphales, est intéressante du point de vue zoogéographique, car il s’agit de formes exclusivement dulçaquicoles qu’on trouve dans trois zones du globe, aujourd’hui séparées par des mers, à savoir les régions néo-tropicale, australienne et malgache. Ces océans étant des barrières infranchissables pour des organismes d’eau douce, il faut admettre que les territoires actuels ont fait partie d’un même continent. C’est effectivement au Crétacé qu’ils se sont scindés et que les Temnocéphales qui vivaient déjà sur les Parastacides ancestraux ont été transportés avec ceux-ci.

Encyclopédie Universelle. 2012.